Un mort qui revient tous les vendredis soir aux cimetières pour prier sur son propre tombeau?

Publié le par Aarchitectedubien

 


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  1. Mon ami l'inspecteur Hutopie m'a d'abord demandé dans un message depuis son portable, si je peux croire sans aucune représentation personnelle subjective, ou comprendre subjectivement, mais le plus rationnellement possible, qu'une personne déjà morte, le corps publiquement exposé, couvert de prières et de témoignages et ensuite publiquement enterré en plein jour dans les cimetières de tous, puisse revenir sur terre, marcher jusqu'à son tombeau, s' asseoir au près d'elle -même enterrée, sans aucune défiguration, absolument fidèle à elle-même ainsi qu'elle était au moment de sa mort, ouvrir un Livre, le lire et se faire entendre par un observateur extérieur.

     

    J'ai répondu que tout est possible, mais je n'ai pas encore l'intelligence d'un tel événement. Je ne peux donc ni soutenir son existence ni la nier. Il m'a demandé si je pouvais passer le voir sans aucune autre précision.

     

    L'inspecteur Hutopie n'est pas un philosophe idéaliste. Aussi étrangères que puissent paraître ses questions et ses hypothèses, elles viennent très souvent de ce qu'il a effectivement vécu ou de ce que les autres ont vécu ou prétendent avoir vécu. Comme il n 'y a rien de plus important que ce que chaque personne vit dans sa solitude et ce que les hommes partagent dans leurs diverses assemblées de joie ou de malheur, et comme mon ami ne fait sont travail de policier citoyen que sur cela qui peut perturber l'équilibre individuel ou collectif, et ayant appris de lui de ne jamais rendre les urgences différer les urgences d'aujourd'hui vers demain, je me suis décidé de me rendre chez lui sans délai sans même savoir ce que mon ignorance pourrait lui apporter.

    Je ne sais pas exactement de quoi il s'agit au départ de cette question, mais mon ami a vu ou entendu quelque chose de la part d'une citoyenne ou d'un citoyen de Guirore qui se serait adressé à lui et qui a un besoin de comprendre.

     

    Quand je suis arrivé, l'informateur qui amena les faits de la question de l'inspecteur était encore avec lui dans sa chambre. Ils parlaient de la mort quand ils poursuivirent leur conversation que mon entrée avait un peu interrompu. Thiakhane Fakher, le vieux gardien des cimetières a repris la parole, après une briève présentation.

     

    -Je reconnais tous ceux qui sont enterrés dans ces cimetières de jour comme de nuit. Je reconnais bien le personnage de Mbeur. D'ailleurs, tout le monde le reconnaîtrait à Guirore et même dans tout l'état de Pagaal. Des hommes comme lui sont connus de tous et facilement identifiable. 212 kilogrammes de poids avec 2 mètres de hauteur, ce n'est pas la moyenne des citoyens de Pagaal. La première fois que j'ai constaté les faits, chose extrêmement rare dans la nuit pour moi, puisque je ne suis chargé que de la sécurité nocturne des cimetières, je m'était légèrement endormi. Soudainement, une voix dont j'ignore la provenance m'a dit:«Réveille-toi, tous les morts ne sont pas morts». Je me suis réveillé et j'ai commencé à faire un tour sans aucune lumière, ni dans le ciel, ni sur la terre. Curieusement, je ne sais pas comment, je voyais avec une transparence jamais égalée par mes yeux. Ils formaient un Cercle autour du tombeau du tombeau de Mbeur et parmi eux, Mbeur lui-même. Je ne reconnais aucun des autres mais je reconnais bien Mbeur avec les mêmes accoutrements qu'il portaient habituellement dans les moments solennels de son existence. Les meurtres et les divers crimes contre l'homme et par l'homme sont plus à craindre chez les vivants mais les cimetières ne sont pas toujours inoffensifs. Je faisais donc attention, malgré la confiance absolue que je donnais à l'autre gardien des cimetières que je ne connais pas mais qui me réveilla dans mon secteur. Tu sais mieux que moi, que les Cimetières de Guirore sont plus étendus que beaucoup d’États. J'ai remarqué qu'ils étaient aveuglés par ce qui étaient devant eux , comme des viveurs ivres des nectars, des drogues et des autres délices de leur banquets. Je croyais qu'il leur était impossible de se retourner ou de relever leur cou et leur tête vers le futur. Ils étaient totalement absorbés de tous leur être par les puissances de leur banquet. Mais je m'avançais vers eux avec prudence pour bien voir si je rêvais ou si au contraire, je me réveillais véritablement après un long sommeil et une longue cécité qui privèrent ma vie de l'ultime vérité.

    Quand je fus à une certaine distance, la même voix sortant de mon oreille gauche a soufflé encore : «Toi vois bien qu'ici il n' y a aucune place pour le doute pour un être raisonnable». J'ai vu qu'il n' y a pas de doute. Comme tout être répond intérieurement ou extérieurement quand il entend son pseudonyme authentique et secret, il s'est retourné du côté où j'ai entendu encore la voix du Premier gardien l'interpeller:«Mbeur!». Il s'est retourné et ils se sont empressés de recouvrir à nouveau le tombeau. Je me suis approché. Quand je suis arrivé sur les lieux, j'ai trouvé ces grains qui brillaient dans la nuit autour du tombeau.»

    Des grains d'or, de diamant et d'argent aussi blanc que la lune. Il a encore sorti des pièces d'argent et des billets... 

     

  2. Thiakhane Fakher n'est pas le seul concitoyen de l'inspecteur Hutopie a lui demandé ses service quand il est question de comprendre. Tous les jours, il en reçoit une énorme quantité de dossiers empilés les uns sur les autres. Je ne connais pas tous les problèmes sur lesquels ils s'interroge, mais jusqu'à hier, jusque tard dans la nuit, cette question n'existait pas encore ou alors il ne m'en fit pas connaissance. Comme beaucoup d'autres habitants de Wakhaldiam, Thiakhane Fakher croyait et peut-être même croit encore, que l'inspecteur Hutopie est un vrai policier de l'Etat de Pagaal. Il a beaucoup insisté pour remettre à l'inspecteur Hutopie la dizaine des grains de diamant, d'or, des pièces de monnaie et des billets de banque qu'il dit avoir ramassé au près du tombeau de Mbeur, mais l'inspecteur Hutopie lui a signifié qu'il n'est pas habilité à les recevoir et à les garder puisqu'il n'est d'aucun corps de police officielle. Il lui a signifié que le pseudonyme d'inspecteur Hutopie lui a été donné depuis son enfance parce qu'il se posait beaucoup de questions sur lui-même et sur les autres et n'aimait pas les énigmes et les mystères sans issue. Il a pris congé de nous, mon ami m'a dit:

    - Voilà pourquoi je t'ai envoyé ce message et cette question, Koromack!

     

     

     

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